Droits réservés : Schéma de conception du projet, 2019, Guillaume Rouan
Après 4 ans de travail et la mobilisation de plus de 7 équipes en continu, le site web des Champs Libres (lien externe) est lancé. Faisons le point sur le projet et ses résultats.
La démarche du projet de création du site web des Champs Libres repose sur une approche holistique, sur l'ensemble des couches numériques (de l'écran à l'hébergement, aux algorithmes, aux fonctionnalités...) dans un écosystème global de contenus. Le projet s'est fondé sur 4 grands principes :
— L'accessibilité & l'inclusion
Faire en sorte que chacun·e puisse accéder au site web, comprendre & utiliser les informations diffusées, sans condition, quelle que soit la situation sociale ou géographique, la qualité du réseau Internet, l'ancienneté du smartphone, la situation de handicap, etc. Cela s'est concrétisé dès la conception par un suivi par des expert.es en accessibilité, une revue des maquettes et des codes livrés, des tests d'expériences utilisateur·ices réguliers ainsi qu'un audit d'accessibilité numérique (RGAA (lien externe)) à la fin du projet.
— L'éco-conception (pour "conception écologique")
Dans un contexte de très forte pression sur les limites planétaires (lien externe) et d'enjeu collectif de réduction de l'empreinte environnementale du numérique (lien externe), il s'agit de construire un site web qui soit le plus sobre & léger possible, qui consomme le moins d'énergie possible et qui soit le moins néfaste pour les ressources & la biosphère. Cela s'est traduit par une conception & un design épuré, une machinerie calibrée au plus juste besoin, un logiciel ultra simplifié, et un suivi en continu par des expert·es dédié·es.
— La transparence & l'ouverture
Proposer à la fois un site web que les utilisateur·ices peuvent contrôler sans condition & qui leur appartient, et un projet qui facilite le partage par son ouverture. Cela se reflète par exemple au travers des nombreux flux RSS disponibles (lien externe), des licences libres utilisées pour les contenus éditoriaux tel que Le Mag (lien externe), mais aussi dans la documentation du projet (lien externe) accessible en continu.
— La coopération entre partenaires
Construire un projet numérique à plusieurs mains, avec les partenaires, pour qu'ensemble nous envisagions les meilleures solutions possibles. Cela s'est notamment traduit par des marchés publics plus innovants, un travail plus fin sur le soin et la relation entre les partenaires, une collaboration très étroite avec la Direction des Services Numériques, la Direction de la Communication, la Direction des Finances & de la Commande Publique, et la contribution de l'ensemble des services des Champs Libres.
Nous avons réalisé des tests utilisateurs régulièrement à chaque grande étape fondamentale du projet.
Nous avons réalisé des revues de design et de maquettes graphiques & fonctionnelles, à la fois sur le levier de l'éco-conception et celui de l'accessibilité (à l'aide de deux expertises distinctes)
Nous avons mobilisé la mission accessibilité des Champs Libres et son réseau
Il nous semble essentiel d'engager une approche en symbiose entre les différents référentiels & outils permettant de qualifier au plus juste le niveau de soutenabilité, de contribution, de sobriété que nous avons pu atteindre au bénéfice d'un service public culturel en biens communs. Ainsi, après livraison, nous réalisons un audit et une déclaration pour le RGPD (données personnelles) + RGAA (accessibilité numérique) + RGESN (éco-conception) + SSI (sécurité) + NIG (intérêt général), que nous publierons sur le site.
— Sobriété structurelle et soin numérique
Nous avons recherché le plus juste besoin, pour l'ensemble de la machinerie et de ses fonctionnalités. Nous ne déployons par exemple aucun cookie (cookie free), ni traceurs, ni effets visuels, ni fonctionnalités superflues ou trompeuses (dark pattern). L'idée est que l'utilisateur·ice se sente chez soi, au sein d'un espace sécurisé, rassurant et confortable.
— Sobriété éditoriale
Côté éditorial, nous avons mis en place la hiérarchie des formats en priorisant sur les médias les plus sobres (priorisation des textes < image < réduction du nombre et du poids des documents < audio < minimisation des vidéos). Nous avons porté un effort particulier pour simplifier la langue utilisée lors de la rédaction (sans pour autant passer au FALC qui ne correspond pas à tous les usages). Côté machinerie, les images déposées en back-office sont automatiquement redimentionnées en fonction de la taille de l'écran utilisé au moment de leur visionnage. Le serveur compresse également ces mêmes images au format webp afin d'optimiser leur poids. Ces efforts ont permis de baisser de 70% le volume des images & des documents.
— Sobriété globale
Nous avons porté une attention globale à la sobriété, en exploitant l'ensemble des leviers à notre disposition. En complément des éléments mentionnés plus haut, nous envisageons l'accessibilité numérique (RGAA) en renfort de l'éco-conception, tant sur le pan éditorial que technique, de même que l'optimisation du référencement naturel (SEO).
Quelques outils* standards à l'épreuve de la mesure de sobriété globale (résultats pour la page d'accueil) :
[ * Tous ces outils ont des méthodologies spécifiques, leurs résultats doivent être considérés avec prudence et leurs comparaisons difficilement envisageables. Ils nous permettent simplement de dresser un certain aperçu de l'empreinte du service. ]
L'audit RGESN que nous sommes en train de porter (et qui devrait être publié d'ici le mois de décembre, permettra de formaliser et d'étayer scientifiquement la démarche et ses résultats à date.
Nous avons souhaité mettre particulièrement l'accent sur la recherche d'une innovation avant tout sociale, au bénéfice de toutes & tous sans condition, plus juste & plus équitable, ainsi qu'un usage au juste besoin. La création d'un service web vertueux, ouvert, capacitant et inclusif nous semble la seule voie envisageable pour contribuer à un service public en biens communs.
Ce nouveau site web embarque également quelques innovations technologiques :
— Modèle de fonctionnement
Nous avons choisi de passer d’un CMS Typo3 composé de multiples extensions et mobilisant de très nombreux scripts, à un modèle de type JAMstack et Headless CMS. Il s'agissait d'abandonner le modèle de bases de données lourdes et de modules empilés & accumulés pour s'orienter vers un modèle de circulation des données, de low tech, de site statique généré par une technologie serveur. Cette transformation a permis de baisser le poids de l'application de 73%, celui de la base de données de 99%, et de réduire les scripts de la page d'accueil de 96% pour n'en mobiliser plus que 2 aujourd’hui.
— Gestionnaire éditorial "sans tête" (Headless CMS)
Nous avons pris un gestionnaire de contenus classique (CMS) et n'avons conservé que son squelette sans l'interface graphique, puis nous avons construit le corps autour de cette base. Cela nous a permis de maîtriser parfaitement le logiciel, sans couche ni module superflu, pour un plus grande frugalité. → Framework PHP Symfony (lien externe) (Licence MIT) + CMS Headless Sylius (lien externe) (Licence MIT)
— Circulation des informations par flux de données
Les événements de notre programmation, pilotés par notre logiciel d'exploitation interne #Dièse, sont instantanément publiés sous Open Agenda (lien externe) puis affichés automatiquement sur le site web. Ces informations sont librement accessibles, et diffusées largement notamment au sein de l'agenda métropolitain. → Flux JSON Open Agenda (lien externe)
— Des serveurs les pieds dans l'eau
Les disques durs sur lesquels fonctionne le site web sont réellement plongés dans une cuve d'eau déminéralisée. Cette technologie (Immersion Cooling), dispensée par notre partenaire d'hébergement, permet d'éviter les pertes de chaleurs générées par les machines et habituellement refroidies par de puissantes climatisations dans les datacenters. → Datacampus Immersion Cooling (lien externe)
— Un logiciel libre
Le nouveau site web des Champs Libres constitue un logiciel que nous plaçons sous licence libre EUPL (lien externe) afin de redonner à la communauté le fruit de ce travail coopératif pour un service public culturel en biens communs. → Le logiciel sera prochainement publié sur le GitLab (lien externe)des Champs Libres
— Méthodologie coopérative
La coopération entre les partenaires du projet a facilité grand nombre de contributions et de porosités, en interne comme en externe :
— Ouverture des données & contenus culturels
À l'origine du projet, nous souhaitions utiliser le PAQ pour d'une part poser les conditions communes & les consensus collectifs, et d'autre part pour raconter la méthodologie et les choix opérés. Si la première partie est plutôt remplie, nous n'avons pas pu nous mobiliser autant que nous l'aurions souhaité pour structurer le récit et l'inscrire au fur & à mesure. Certainemnt un point à mobiliser davantage dans le cadre d'expérimentations futures.
Le PAQ est en accès libre sur GitLab :
Maintenant que le site web est lancé, le travail se poursuit :
Côté Métropole : l'ensemble des méthodologies, des modèles de construction, des innovations, des résultats obtenus, etc. sont embarqués par la Direction de la Communication dans le cadre du projet de nouveau site web pour Rennes Ville & Métropole. Cette démarche s'inscrit dans une dynamique continue pour un numérique plus responsable.
Côté Champs Libres : nous engageons la phase de maintenances et d'évolutions, qui nous permet d'ajuster le site à l'épreuve d'un usage réel, tant par nos utilisateur·ices que par l'ensemble des collègues en interne.
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